Un programme d'Entrepreneurs du Monde

vendredi 5 juin 2009

Petit tour d'horizon de Chamroeun !



Me revoilà avec un post plus «microfinance» !
Découverte de Chamroeun (qui signifie «progrès» en khmer) :

Mon lieu de travail se trouve au «head office», qui centralise les informations de 9 «branches» (agences, où les «partners», qui bénéficient des prêts viennent retirer leur prêt, déposer leur épargne, se former…) réparties dans Phnom Penh. Chamroeun offre aujourd’hui ses services à plus de 8 000 familles.
Chacune de ces succursales se trouve, en général, à proximité d’un marché, car c’est dans ces endroits que se concentrent les «partners» de Chamroeun.

Chamroeun est, grâce à ses remarquables résultats (cf notation du mixmarket), en pleine expansion.
Le nombre de bénéficiaires atteindra, en effet, les 10 000 familles d’ici la fin de l’année 2009.
L’expansion de Chamroeun est d’abord géographique (ouverture de branches en province ! à Siem Reap, par exemple), mais elle affecte surtout les services.
En ce qui concerne les services financiers, deux nouveaux prêts ont été mis en place : le prêt d’urgence, dans une optique de renforcement du lien entre les produits financiers et les besoins sociaux, a pour but de pourvoir à une situation précaire et imprévue vécue par une famille – décès, catastrophe naturelle… Le deuxième prêt est le «developing loan». Celui-ci est destiné aux foyers extrêmement modestes, et donc économiquement fragiles : dans la plupart des cas, il s’agit, en fait, des provinciaux venus s’installer à Phnom Penh, dans l’espoir d’améliorer leur niveau de vie.
La grande nouveauté dans le domaine des services non financiers est la mise en place d’un centre d’aide à la recherche d’emploi.
Un petit coup d’œil sur http://www.babyloan.org/ et les profils des micro-entrepreneurs cambodgiens suffit pour s’apercevoir que ceux-ci sont nombreux à désirer épargner pour offrir des études à leurs enfants. Fort heureusement, la plupart d’entre eux y parviennent ! Cependant, 72% des jeunes diplômés n’ont aucun membre de leur famille qui a poussé ses études au-delà du collège.
Qui peut alors leur apprendre à rédiger un CV, une lettre de motivation, à utiliser un ordinateur ? Ce manque de formation est criant, dans le contexte économique actuel – notre chère «crise économique mondiale», et le foisonnement de nouveaux diplômés : 250 000 à 300 000 par an ! – où la concurrence fait rage.
Aussi a-t-on décidé à Chamroeun, de pallier à celui-ci avec une formation incluant des modules sur la gestion du temps, la confiance en soi, et des cas d’applications concrets.
S’y ajouteront un centre de ressources : une bibliothèque, des abonnements à des quotidiens et 4 ordinateurs connectés à internet ; mais également, point capital : un réseau d’entreprises partenaires – à créer et à entretenir ! – qui s’adresseront directement à Chamroeun lorsqu’elles rechercheront un nouvel employé, et vice-versa.
Ce nouveau programme est en cours de définition, et Phalkun, notre responsable RH, est actuellement à la recherche de la perle rare qui sera à le manager du «Employment center».

Vous l’avez compris, le travail ne manque pas à Chamroeun, et au Cambodge en général, où l’activité est bouillonnante dans toutes les petites échoppes dès 6h du matin…

Anh-Tho

lundi 1 juin 2009

"Anh-Tho, mais quel drôle de nom !?"

Bonjour,

Je m’appelle Anh-Tho Chuong. « Anh-Tho », quel drôle de nom ?! C’est le prénom que mes deux parents, d’origine vietnamienne, ont choisi.
Mais revenons à nos moutons : qui est donc ce curieux personnage qui s’adresse à vous sur le blog de Chamroeun ?
Etudiante à l’ESCP Europe, j’effectue mon stage de fin de première année chez Entrepreneurs du Monde à Phnom Penh. Pourquoi ce stage ? Pourquoi le Cambodge ?

Pendant mes deux années de classe préparatoire à Paris, où l’on me dispensait un enseignement, ô combien intellectuellement passionnant, mais très abstrait par rapport aux métiers auxquels me formerait une « Business School », je me suis souvent interrogée sur le sens de ces professions : celles du marketing, de la stratégie, de la finance… D’autant que, issue d’une famille de médecins depuis de nombreuses générations, j’étais la première « dissidente » à emprunter la voie de l’école de commerce. Toutefois, les initiatives des associations humanitaires me paraissaient, de manière schématique, toutes extrêmement louables, car elles permettent d’apporter une aide d’urgence et reposent sur la solidarité de bénévoles, de donateurs… néanmoins c’est justement ce point précis qui les empêche, dans la plupart des cas, d’acquérir une véritable viabilité économique qui serait la clé de l’indépendance, et la garantie d’une certaine stabilité. Sur le plan humain, je crois à la volonté et à la gratitude des gens envers les personnes qui leur tendent la main, néanmoins, ce à quoi je crois encore plus, c’est en leur amour propre - quelle que soit leur condition – et à leur volonté de « s’en sortir par eux-mêmes ». C’est donc à cette notion d’ « empowerment » (donner aux personnes le pouvoir de contrôler leur existence, en leur laissant la liberté et la responsabilité de leurs initiatives), que j’ai été immédiatement sensible lorsque j’ai découvert le social business en général, et la microfinance en particulier.
Alors : pourquoi le Cambodge ? Pourquoi ne me suis-je pas rendue dans le centre vietnamien d’EdM a Dien Bien Phu ? Ici, les raisons personnelles prédominent. Née de parents d’origine vietnamienne, j’ai vécu 18 ans dans l’environnement très multiculturel de l’île de la Réunion (nommée ainsi car elle était qualifiée de « réunion des races »), multipliant mes voyages dans la zone (île Maurice, Australie…) , en Europe et en Amérique du Nord (Californie, Texas, Québec…), rendre visite à ma famille éparpillée aux quatre coins du globe suite à la guerre du Viêtnam. Je ne m’étais toutefois jamais rendue en Asie, et encore moins au Viêtnam, jusqu’en octobre 2008, où j’ai eu la chance d’accompagner mon père pour un voyage d’affaires à Hanoi d’une (si courte !) durée d’une semaine. Je tenais donc à renouveler l’expérience, mais cette fois-ci « à ma manière ». A l’ESCP Europe, au sein d’une association, et avec mes camarades de promotion, nous nous sommes engagés pour une mission d’enseignement de la culture française de 5 semaines à Hai Phong en juillet / août : la perspective de riches interactions avec les locaux nous avaient immédiatement séduits. Néanmoins, je ne souhaitais pas en rester à une vision « vietnamo-centriste » de l’Asie du Sud Est, ce pourquoi j’ai postulé pour un stage à Chamroeun. A la joie éprouvée lorsque je reçus la réponse positive de Frank Renaudin (directeur d’EdM) et de Grégoire Héaulme (responsable Asie), se mêlèrent interrogations, doutes, et craintes : pourquoi suis-je allée m’aventurer dans un pays dont je ne parle pas la langue ? Quel regard allaient porter les Cambodgiens sur moi, étant d’origine vietnamienne ? Serais-je à la hauteur de mon stage ? Avais-je les compétences pour ? Et si ce que je m’apprêtais à découvrir « sur le terrain » brisait mes convictions, mes « idéaux » sur le social business ?

C’est pour répondre à toutes ces interrogations, vous donner une idée concrète et vivante (je l’espère) de la vie à Phnom Penh, du travail minutieux et titanesque de Chamroeun, de ses branch officers, de ses managers, que j’alimenterai ce blog pendant le mois qui vient.
Vos questions, remarques, témoignages, sont les bienvenus pour enrichir les réflexions.

A très bientôt !

Anh-Tho.